Shodo !
Bonjour !
Aujourd’hui, je vais vous parler de la calligraphie japonaise. C’est tout simplement l’art le plus populaire au Japon. Les œuvres calligraphiques sont autant appréciées et contemplées que d’autres peintures jugées plus « complexes ». La calligraphie japonaise est appelée « Shodo », littéralement « Voie de l’écriture ». Je pourrais vous parler des différents alphabets japonais, ainsi que sur les subtiles différences entre les caractères mais je vais garder tout le côté « grammatical » de la chose pour un autre article.
Rien n’est laissé au hasard dans le shodo : la direction, la forme, le début et la fin des lignes. L’équilibre entre les éléments est très important pour chaque lignes, pour chaque points, même l’espace vide (ou « espace négatif ») témoigne de beaucoup de choses.
La calligraphie japonaise transmet l’harmonie et la beauté. La parité, la simplicité et la grâce sont intimement liées dans l’art calligraphique et ce sont les principes fondamentaux du Wabi-sabi (un concept esthétique dérivé de principes bouddhistes zen) dont fait parti le shodo.
Le Shodo est un art ancien qui privilégie la simplicité, la beauté et plus important, une connexion entre le corps et l’esprit. Bien que beaucoup de personnes ne considèrent pas la calligraphie comme un art, il ne faut pas oublier que le shodo n’est atteint que par la maitrise de disciplines purement artistique comme : les lignes, les formes et l’espace.
Maitriser ses lignes est essentiel. Elles permettent à l’artiste de faire sortir ses sentiments au travers de l’œuvre. Les lignes sont peintes avec un but précis tel que l’amour, la détermination ou le positivisme.
En conjonction avec les lignes, maitriser les formes est aussi un aspect important dans la calligraphie. Le shodo se peint en tirant, pressant et balayant un pinceau, on ne dessine pas les symboles. Les formes sont, naturelles et organiques pour symboliser la beauté de la nature.
Le dernier élément, celui de l’espace est lui aussi essentiel à la création d’une belle pièce. Il est crucial pour l’artiste de rester conscient du placement de chaque lignes. On demande souvent aux artistes de connaitre à l’avance le départ, l’arrivée et le croisement de chaque trait. La présentation et un placement précis est l’un des aspects qui donne à la calligraphie japonaise sa beauté particulière.
Le shodo n’est pas seulement une histoire de beauté, il y a aussi un sens plus complexe de l’interprétation des symboles. L’harmonie et l’élégance des lignes apportent aussi une certaine sagesse et sens plus prononcé aux symboles. La culture orientale veut que les caractères écrits soient considérés comme une lettre ouverte écrite aux cieux (une épitre), c’est pour ça que la calligraphie japonaise transmet une grande force aux mots.
Le shodo fait parti des différentes pratiques du Zen au même titre que la cérémonie du thé (Chanoyu ), l’art floral (Ikebana), la voie du sabre (Kendo) ou d’autres arts martiaux (Budo).
C’est dans ce sens que le shodo est très laconique : les symboles sont peints sur du papier blanc (traditionnellement) ce qui symbolise le vide dans la philosophie Zen. Les lignes noires sur fond blanc représentent les concepts du Yin et du Yang, de l’homme et de la femme.
Je vous invite à découvrir ce joli reportage en français sur la calligraphie :
On peut distinguer trois grands styles dans la calligraphie japonaise. Chacun apportant sont lot de d’expressivité et de sentiments.
Kaisho : Un style propre et rigoureux. Chaque ligne est tracée avec soin, distinctement et avec confiance. Les symboles sont précis et anguleux.
Gyosho : Style plus courbé, en semi-italique. Les lignes sont plus souples et douces, elles dénotent une écriture plus rapide.
Sosho : Style très fluide et aérien. Une écriture dynamique et prompte apportant beaucoup de courbes et de vitesse.
De nos jours, la calligraphie est toujours un art très répandu au Japon. Elle est enseignée tout au long de l’école primaire et persiste comme hobby auprès de bon nombre d’adultes aussi.
Il est intéressant de voir l’évolution de la calligraphie moderne. Les maitres et artistes contemporains s’expriment surtout au travers d’un style très fluide et tendent plus vers le style Sosho et Gyosho.
Voilà un vidéo d’une performance live du maitre Kotaro « HATCH » Hachinohe, avec un style très sosho comme vous pouvez le voir.
J’aime beaucoup la manière dont il travaille ses espaces et ses courbes.
On peut assister à de nombreuses démonstrations de calligraphie à travers tout le Japon. On y rencontre surtout des étudiants et jeunes artistes qui mélangent souvent musique, chorégraphie et shodo dans des spectacles que nous n’avons pas l’habitude de voir.
Je vous ai trouvé aussi un petit reportage sympathique qui va vous emmener au cœur d’une école japonaise !
Haha j’adore ce genre de vidéos :) Vous avez pu remarquer au passage que notre amie calligraphe trace, elle aussi, son pictogramme au tableau dans un style très sosho. Elle nous montre un beau style gyosho très personnel.
Comme vous avez pu le voir, il faut avoir de bon muscles tout de même, 10kg le pinceau ce n’est pas rien !
Voilà pour aujourd’hui ! Je ne vous ai parlé que de l’aspect philosophique et spirituel du Shodo aujour’hui. Je vous présenterai bientôt un article parlant plus du côté technique et matériel de la calligraphie japonaise.
Passez tous une excellente journée !